Plusieurs citoyens de l’Île-des-Sœurs ont déposé une plainte à l’Ombudsman de Montréal relativement au même problème.
Ils se plaignaient des inconvénients engendrés par le passage de nombreux camions chargés de terre, sur leur rue. Ces camions transportaient de la terre devant être étendue sur des terrains résidentiels et sur le nouveau terrain de golf, en construction. Les citoyens se sont plaints du bruit, de la poussière et de la vitesse à laquelle ces véhicules circulaient ainsi que de l’impact sur leur qualité de vie.
Notre enquête a révélé que le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du gouvernement du Québec avait imposé aux promoteurs l’obligation d’ajouter un mètre additionnel de terre propre par dessus le sol de remplissage déjà déposé sur les terrains concernés. À défaut de satisfaire à cette exigence «provinciale», aucun promoteur n’aurait obtenu l’autorisation de développer ce secteur. Selon le ministère, ces terrains présentaient un certain degré de contamination et l’ajout d’un mètre de terre propre permettrait de les réhabiliter.
Selon notre enquête, la rue sur laquelle circulaient les camions avait été choisie après qu’une étude eut déterminée qu’elle était la plus susceptible de permettre une circulation sécuritaire respectant les normes réglementaires édictées par le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs.
Conscient que les camions de terre passeraient tous sur cette seule et même voie, l’arrondissement de Verdun avait, néanmoins, tenté d’atténuer l’impact négatif de cette circulation sur la qualité de vie des résidents, en adoptant certaines mesures. Notamment :
- L’arrondissement a exigé du promoteur du terrain de golf qu’il aménage et utilise systématiquement une station de lavage des camions, à la sortie de ce chantier;
- Ce promoteur devait permettre aux autres promoteurs immobiliers du secteur visé d’utiliser cette station de lavage;
- L’arrondissement a exigé du même promoteur qu’il fasse régulièrement nettoyer la rue utilisée, avec un camion arrosoir et un balai mécanique;
- L’arrondissement a avisé tous les promoteurs immobiliers concernés qu’ils devaient s’assurer que leurs activités n’aient pas pour effet de salir indûment les voies de circulation;
- L’arrondissement a fait installer des panneaux d’arrêt supplémentaires, à chacune des intersections de la rue empruntée par les camions;
- L’arrondissement a fait installer une nouvelle signalisation, le long de l’itinéraire emprunté par les camions, limitant la vitesse à 15 km/h durant les jours et les heures où le camionnage est permis;
- Les camions n’ont été autorisés à circuler sur cette rue que du lundi au vendredi, entre 07h00 et 15h30; et
- L’arrondissement a exigé que les promoteurs immobiliers cadenassent leurs chantiers de construction la nuit, afin d’empêcher le «dépôt sauvage» de terre ou d’autres matériaux. Une surveillance particulière, par un agent de l’arrondissement, a d’ailleurs permis de mettre fin au manège d’un camionneur qui se rendait sur les chantiers de construction, durant la nuit, pour y vider sa boîte de camion.
L’arrondissement a également sollicité la collaboration du poste de police du quartier pour que des mesures de contrôle sévères soient appliquées :
- Des opérations de surveillance policière ont permis de s’assurer que les camionneurs respectent les limites de vitesse, les signaux d’arrêts obligatoires et les interdictions de circuler en dehors des heures et des jours permis;
- Durant une période étudiée, 12 constats d’infraction ont été émis à des camionneurs, dont 4 pour des arrêts non respectés, et 8, pour des infractions reliées à la malpropreté. Notons que durant la même période, 30 constats d’infraction avaient été remis à des automobilistes pour excès de vitesse ou non respect des arrêts obligatoires, sur la même voie;
- Entre juillet et octobre 2006, des constats d’infraction totalisant environ 60 000$ ont été remis à des promoteurs dont les équipements auraient sali les rues du secteur.
Malgré notre sympathie à l’égard des citoyens touchés, force nous a été de constater que les gestionnaires et les élus de l’arrondissement avaient tenté de limiter, autant que possible, les inconvénients de cette situation, via la mise en place de diverses mesures. La nature temporaire de cette situation, quoique assez longue, devait également être prise en considération.
Après avoir sérieusement enquêté dans ce dossier, l’Ombudsman de Montréal n’a donc pas pu conclure que les décisions, les actions ou les omissions de l’arrondissement étaient déraisonnables ou inappropriées. Il n’y avait donc pas lieu qu’elle intervienne.
Néanmoins, à la suite de son avis, le maire et le directeur de l’arrondissement ont rencontré un groupe de citoyens concernés afin d’explorer ensemble d’autres solutions susceptibles d’améliorer la situation.